Quartier libre est le second roman de Vincent Lahouze – promis je rectifierai en écrivant « deuxième » à la sortie du prochain – et après une immersion dans son histoire personnelle, ce jeune romancier nous amène dans le monde qu’il a bien connu, celui de l’animation dans les quartiers de Toulouse et plus précisément au Mirail.

Quartier libre par Lahouze

L’histoire est celle d’Olivier, geek que ses parents désespèrent de voir un jour entrer dans la vie active. Persuadés qu’un électrochoc ne pourra que lui être bénéfique, il l’envoie à Toulouse pour travailler en tant qu’animateur. Lui qui ne connaît rien à Toulouse, rien aux enfants et qui se verrait bien continuer sa vie ainsi se retrouve du jour au lendemain dans une nouvelle ville et une nouvelle vie : animateur débutant dans un quartier difficile de Toulouse, le quartier du Mirail. Mais n’est pas animateur qui veut et Olivier apprend le métier et surtout apprend de ses erreurs jusqu’à devenir un élément essentiel de cette vie de quartier et un repère pour la jeune Ismahane, pré adolescente puis adolescente vive, intelligente et piquante mais avec un sacré caractère !

Sur l’histoire, je ne vous en dirai pas plus car l’intrigue ne se résume pas à un carnet de bord du métier d’animateur, loin de là ! C’est aussi l’histoire d’un quartier de Toulouse que beaucoup connaissent de nom mais qu’ils n’ont jamais vu. Certes la drogue y est présente mais pas seulement. Le Mirail c’est aussi des rencontres enrichissantes, formatrices et des jeunes attachants -même s’il parfois ils flirtent avec l’atta-chiant et je sais de quoi je parle j’ai enseigné en tant que professeure à beaucoup d’élèves issus de ce quartier. Alors le roman de Vincent Lahouze me parle, me touche, me frappe car ce n’est pas un roman fait de mensonges, de fictions, d’imaginaires. C’est au contraire au creux de la fiction toute la réalité sociale, tous les maux et les biens que l’on peut trouver dans ces quartiers. Derrière les mots de Vincent Lahouze, j’entends ceux que j’ai souvent entendus dans la bouche de mes anciens élèves : l’espoir impossible de sortir du quartier, une ligne d’horizon qui n’existe pas, l’envie de s’en sortir mais le mur que notre société construit autour des quartiers.

Ce roman est « un miroir que l’on promène le long du chemin » des banlieues et des quartiers de Toulouse et d’ailleurs. Il soulève des questions, bouscule le lecteur mais aussi le happe dans une intrigue digne d’un bon polar – parce qu’Olivier, par la force de la douleur, va aussi devenir enquêteur.

Olivier et Vincent, c’est un peu le même combat « planter des graines, avec l’espoir que certains finissent par germer avec le temps ».

En résumé : pour un second coup d’essai, c’est encore une réussite, dans une autre veine, mais avec un même talent, celui des mots mais aussi celui des émotions.