Je connaissais la plume de Faïza Guène car j’ai lu et fait lire à mes élèves son premier roman Kiffe kiffe demain. Avec cette rentrée littéraire, je retrouve le sujet de prédilection de cette auteure mais avec une plume plus mûre. Je vais donc vous parler de La discrétion, son nouveau roman où littérature et sociologie sont étroitement liées.

Yasmina est née en Algérie, une Algérie pauvre, miséreuse mais une Algérie où elle était heureuse. Arrachée à sa terre par son mariage, elle vit désormais à Aubervilliers où elle se sent comme une étrangère. Ses enfants y sont nés, elle y a fait sa vie mais une vie en toute discrétion pour ne pas gêner même si la colère gronde face à ce mépris de la société française qui croit tout savoir de l’histoire des immigrés mais qui n’en sait absolument rien. Ses enfants ont hérité de son histoire, une de ses filles de sa colère et nous lecteurs, nous découvrons Yasmina, son passé, son présent et portons désormais un autre regard sur ces femmes, ces mères qui baissent le regard, se dissimulent derrière leur voile.

La discrétion a une place méritée en cette rentrée littéraire. Ce récit de vie est un doux et vibrant hommage aux mères, aux sacrifices qu’elles ont fait et font pour leur famille. Yasmina, en quittant l’Algérie dans les années 50, a sacrifié son pays pour vivre dans ce pays qui ne l’accepte pas vraiment. L’histoire de Yasmina c’est aussi l’histoire de notre France, de son héritage, de cette terre d’accueil qui ne l’est plus vraiment, de celle qui oublie désormais les hommes et les femmes qui sont venus chercher un peu d’espoir et de qui on exige qu’ils se fassent discrets. On comprend la colère de sa fille Hannah, elle qui voit les sacrifices de ses parents et l’absence terrible de reconnaissance. J’ai été touchée par tous les portraits de cette famille et j’ai aimé l’évolution de l’écriture de Faïza Guène. Même si la colère de kiffe kiffe demain est toujours présente, elle a pris une autre dimension. En étant dans la discrétion, elle en est peut être plus forte.

En résumé : Un hommage aux mères, un portrait de famille émouvant